par Christophe
Journet
Le
public serait inspiré d'aller faire un tour du côté de ce
plasticien au long cours,
discret et polytechnicien chevronné,
parmi
les rares à savoir maîtriser dans le même projet la peinture
à l'huile, le dessin, la photographie artistique,
l'image virtuelle,
la publication assistée par ordinateur et
la littérature
internationale contemporaine saisie à son plus haut degré de qualité.
L'"Album de Monsieur K.", voilà l'exposition que Gérard
Bertrand s'apprête à présenter au public. Sinon
Kafkaïen lui-même ( il préfère laisser ça à
d'autres) du moins kafkaphile et grand passionné de bonne, belle et vraie
littérature, l'artiste ponts-de-céais étonne à la
fois par les formats utilisés: trois grandes huiles, seize A4 et trois
A3 sous verre, cadres minimalistes en bois blanc urbain, et par la techniques
des collages assistés par ordinateur prolongeant plusieurs décennies
de collages peints et dessinés de façon traditionnelle.
Références
Les
références culturelles existent dans cette uvre - Jean Vigo,
Jacques Tati, Borges, Breton, Gracq, Perec mais aussi Freud, le Journal de Kafka
et ses principaux romans (la Métamorphose, transposée en autoportrait
burlesque de l'auteur en compagnie de Franz Kafka, dans la chambrette de sa sur
à Prague, notamment) mais n'altèrent pas le regard direct que des
extraits de textes éclairent.
Rien que le coup d'il,sur le
détournement d'une vue du film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais - où
Gérard Bertrand a installé l'auteur du " Procès"
devant le gendarme pétainiste qui gardait le camp de Beaune-la-Rolande,
lieu de transfert des prisonniers juifs vers les univers concentrationnaires nazis,
montage réalisé à partir d'une image que l'histoire officielle
d'une époque avait censurée- en dit long sur le propos personnel
de l'artiste: il a ajouté un jet de lampe-torche dans la main du pandore
qui vient éclairer l'étoile de triste mémoire, et rappeler
au passage sa famille fut décimée par la Shoah, juste avant que
son pays ne tombe dans l'escarcelle du "petit père des peuples",
Staline, pour cinquante années de totalitarisme.